Présentation
Durant les dernières décennies, le Maroc a connu de grandes avancées en matière de la promotion des droits des personnes en situation de handicap, depuis la ratification de la Convention Relative aux Droits des Personnes Handicapées et de son protocole facultatif en 2009 et l’adoption de la Constitution de 2011. Ces avancées se sont traduites par la politique publique intégrée pour la promotion des droits des PSH, la mise en place du Fonds d’Appui à la Cohésion Sociale et l’adoption de la loi cadre 97.13 relative à la protection et la promotion des droits des PSH.
Aujourd’hui, la politique publique intégrée pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap au Maroc vise à assurer l’accès et la jouissance des PSH à l’ensemble de leurs droits. Plus spécifiquement, la politique dans ses leviers stratégiques relatifs aux accessibilités, prévoit la normalisation de la langue des signes et au développement des formations y afférentes, facilitant ainsi l’accès des personnes en situation de handicap auditif à une gamme de services accessibles en langue des signes. Ces mesures doivent être prises en parfaite harmonie avec les engagements du Royaume par rapport aux dispositions de la CRDPH, notamment son article 21 relatif à la liberté d’expression et d’opinion et à l’accès à l’information, qui reconnait le droit à l’information comme vecteur d’autonomie et d’inclusion dans tous les aspects de la vie. En outre, l’article 24 précise que les États Parties s’engagent à prendre des mesures inclusives et appropriées et veiller à ce que les personnes handicapées aient accès au système d’enseignement et à la vie de la communauté, y compris l’apprentissage de la langue des signes et la promotion de l’identité linguistique des personnes sourdes.
Parallèlement, la loi cadre 97.13 relative à la protection et la promotion des droits des PSH stipule, en vertu de l’article 17, la jouissance des personnes en situation de handicap du droit à la reconnaissance et au soutien, par tous les moyens disponibles, de leurs spécificités culturelles et linguistiques y compris la langue des signes, la culture des sourds et la méthode de braille.
Selon l’enquête nationale sur le handicap (ENH) menée en 2014, le Maroc compte 63.400 de personnes en situation de handicap auditif soit 4% de la population totale en situation de handicap, et dont l’identité linguistique crée des barrières à la pleine jouissance des droits par cette population, tels que l’éducation, l’emploi, l’accès aux soins médicaux et la participation sociale.
Cette situation devient plus complexe avec l’absence d’une langue des signes nationale normalisée, ainsi que l’absence des aménagements appropriés permettant aux personnes en situation de handicap auditif de se jouir de leur droits et de leur pleine et effective participation dans le développement social et économique.
Problématique :
Actuellement, la problématique de la langue des signes marocaine réside dans la grande quantité de variétés locales de la langue des signes marocaine, du fait de la pluralité culturelle du Maroc et de l’influence des sourds étrangers qui ont marqué leur passage par certaines zones en tant qu’enseignants ou volontaires associatifs, en plus de la position géographique à proximité des pays européens (La France, l’Espagne…) et des pays arabes.
Au niveau pédagogique, l’enseignement des sourds doit se faire en utilisant au moins deux langues : la langue des signes et l’arabe écrit. Ainsi, le défi de l’enseignement bilingue implique l’organisation des activités d’apprentissage dans une langue des signes commune à tous les apprenants et nécessite au préalable l’élaboration d’une structure homogène et normalisée de la langue des signes. En outre, la demande pressante du corps pédagogique de bénéficier d’une formation adéquate et de disposer d’un support pédagogique standard explique la nécessité de doter la langue d’un lexique normalisée intelligible par l’ensemble des locuteurs et de programmes de formation.
Parallèlement, les personnes sourdes font face à un problème majeur qui est le manque quasi-total des interprètes. En effet, L’interaction des personnes sourdes avec des personnes entendantes suppose le recours à une personne intermédiaire maîtrisant la langue des signes, notamment dans les démarches administratives.
A l’heure actuelle, les tentatives de standardisation du lexique de la langue des signes marocaine sont nombreuses et touchent plusieurs domaines comme l’éducation, les élections, les activités parlementaires etc.
Cependant, l’absence du cadre officiel ayant pour vocation la standardisation de la langue laisse parfois le terrain à la non crédibilité des travaux et au rejet par la population concernée. Parallèlement, un travail a été effectué par le ministère chargé des personnes en situation de handicap durant la période allant de 1998 à 2002, dont le résultat s’est limité à la production d’un guide illustrant quelques signes les plus utilisés au Maroc.
Dans un tel contexte, مes défis pédagogique et sociolinguistique auxquels fait face la communauté sourde marocaine aujourd’hui ne peuvent être relevés que par la définition d’une langue standard unique et officielle et la promotion de la culture des accessibilités communicationnelles au profit des personnes sourdes. Face à ces constats, le MFSEDS ambitionne de mettre en place le projet de standardisation de la langue des signes marocaine, en vue de sa reconnaissance institutionnelle, de son enseignement et du renforcement de sa place dans l’espace éducatif, socioculturel et médiatique.
Le projet proposé vise également à répondre aux priorités des accessibilités communicationnelles par l’animation de réflexion sur l’ingénierie pédagogique relative à l’enseignement des enfants sourds et la mise en place d’un programme de formation des enseignants travaillant dans l’éducation des enfants sourds, des cadres relevant des administrations publiques et des COAPH.
Le projet portera aussi sur le renforcement de capacités des acteurs œuvrant dans le domaine de handicap auditif.
Objectifs :
Objectif général :
Promotion des accessibilités communicationnelles facilitant l’inclusion des personnes en situation de handicap auditif dans la vie sociale, politique et économique
Objectifs spécifiques :
- Normalisation et standardisation de la langue des signes marocaines ;
- Etude et développement de mesures facilitant l’apprentissage et la diffusion de la langue des signes marocaine normalisée auprès du public cible ;
- Animation de la réflexion sur la question liée au programme de formation professionnelle des interprètes spécialisés et au curricula pédagogique relatif à l’enseignement des enfants sourds.
Résultas attendus :
Résultat attendu 1 : le Benchmarking lié à la normalisation de la langue des signes au niveau international est réalisé et l’expertise scientifique est mobilisé ;
Résultat attendu 2 : Le lexique de la langue des signes marocaine standardisée est développé et diffusé auprès du public cible pour une meilleure accessibilité des personnes sourdes aux services publics ;
Résultat attendu 3 : les capacités des membres du comité technique sont renforcées et mobilisées pour mener une réflexion sur les accessibilités communicationnelles et appuyer le développement du programme de formation professionnelle des interprètes spécialisés et du curricula pédagogique relatif à l’éducation bilingue des enfants sourds.
Livrables attendus :
- Lexique de la langue des signes marocaine normalisée ;
- Supports audiovisuels d’apprentissage et de diffusion de la langue des signes marocaine ;
- Programme de formation des cadres relevant des administrations publiques et des centres travaillant dans la scolarisation des enfants en situation de handicap auditif
- Modèle du programme de formation professionnelle des interprètes spécialisés dans la langue des signes marocaine ;
- Modèle du curricula pédagogique relatif à l’éducation bilingue des enfants sourds.
Réalisations :
- 11 février 2019 : constitution du comité de pilotage
- 09 avril 2019 : organisation d’une journée de concertation sur le projet de la normalisation de la langue des signes marocaine
- 09 avril 2019 : Constitution du comité technique